Dans la station balnéaire du Pas-de-Calais, pas un seul carton n’a pour l’instant passé les portes de la villa familiale des Macron. Cédée en avril pour la coquette somme de 3,6 millions d’euros à un promoteur d’Arras, la bicoque est toujours sous haute surveillance policière. Comme si de rien n’était.
La vérité, c’est que les Macron ont besoin de temps pour s’organiser. Avant d’avoir revendu la villa Monéjan, le 28 avril, le couple présidentiel s’est offert une autre maison face à la mer. La première dame a créé une société civile immobilière (SCI), dont ses enfants et son mari sont actionnaires (« lefigaro.fr »). D’après les documents tombés dans le bec du « Canard », l’achat de cette nouvelle baraque lui a coûté 2,3 millions d’euros − affaire conclue le 19 mars chez un notaire parisien. Constituée d’appartements et de locaux professionnels, la maison des années 1930 a toutefois besoin d’être rafraîchie. Un architecte a été appelé à la rescousse et un permis de construire a été déposé à la mairie du Touquet.
En attendant que le nouveau logis soit retapé, la famille du Président s’est arrangée pour rester dans son ancienne villa, même si elle n’en est plus propriétaire. Brigitte Macron a obtenu de l’acheteur qu’il accepte un « différé de jouissance » ; en clair, elle a négocié le droit d’occuper les lieux jusqu’au 31 décembre prochain, sans verser le moindre kopeck au nouveau proprio. Ce dernier, en revanche, a déjà commencé à rembourser ses 144 mensualités − plutôt salées − à sa banque. Un notaire explique au « Canard » que « le différé de jouissance est considéré par le fisc comme un petit cadeau financier fait par l’acheteur au vendeur ». Après avoir déboursé près de 4 millions pour s’acheter la villa du Président, ledit acheteur, Patrick Pawletta, n’est plus à un petit cadeau près !
Pour se prémunir contre d’éventuelles critiques sur ce prix extra-large et ces conditions de vente aux petits oignons, le notaire des Macron a pris la précaution d’ajouter une mention inhabituelle à l’acte de cession. Cette clause précise que « l’offre formulée a été acceptée [par Brigitte Macron] compte tenu de son caractère exceptionnel ». Le Palmipède a montré ce texte à trois notaires expérimentés, qui, dans un bel ensemble, avouent n’avoir jamais vu une telle mention.
Le premier, spécialiste des « belles demeures », se risque à une explication : « C’est uniquement pour justifier que le prix est surévalué par rapport au marché. » La deuxième : « Le bien a sans doute été surpayé, et le notaire cherche à le justifier par tous les moyens. » Le troisième : « La seule justification de cette clause, c’est de vouloir expliquer que c’est un super prix qui ne correspond pas au prix du marché. » Une très belle affaire, donc.
On aurait aimé pouvoir interroger Patrick Pawletta sur la raison qui l’a poussé à proposer un si bon prix au couple présidentiel. Hélas ! joint par téléphone, l’intéressé a préféré esquiver. Au Touquet, il y a ceux qui sont Côte d’Opale et ceux qui sont côté opaque…
Une idée fisc
Peut-on détenir une villa estimée par le fisc à 1,4 million d’euros en 2016 et la vendre 3,6 millions en 2025, sans éveiller l’attention des services fiscaux ? Entrant dans le calcul de l’impôt sur la fortune (ISF), puis de l’impôt sur la fortune immobilière (IFI), un bien doit théoriquement faire l’objet de réévaluations régulières auprès du fisc. L’entourage de Brigitte Macron assure au « Canard » que « la valeur de la maison a été réévaluée pour le calcul de l’IFI dès le 1er janvier 2018, puis les années qui ont suivi ».
Peu après la signature de la promesse de vente, le 30 janvier dernier, « les époux se sont rapprochés de l’administration fiscale pour effectuer une mise à jour de la valeur du bien, via le dépôt de déclarations rectificatives, donnant lieu au paiement des montants correspondants ». Le président de la République n’est pas tenu de transmettre à la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique tout changement de sa situation patrimoniale. Une déclaration complète doit être déposée à son entrée à l’Elysée, et une autre six mois avant la fin de son mandat.
Cette ville où les Trogneux sont chez eux
Simone et Jean Trogneux (les parents de Brigitte Macron) lancent la saga familiale du Touquet en 1957 : ils achètent la villa Monéjan, conçue par l’architecte Anatole Bienaimé, dans le chicissime « Village suisse ». Brigitte Macron en hérite en 1985, avant de la revendre le 28 avril dernier. Peu avant, elle s’était offert une maison en bord de mer, boulevard du Docteur-Jules-Pouget, via la SCI Bremselati, dont sont actionnaires ses trois enfants et Emmanuel Macron.
En décembre 2023, pour 1,275 million d’euros, son neveu Jean-Alexandre Trogneux achète, un peu à l’écart du centre, un terrain de près de 3 000 m2 dans la forêt. Il y fait construire une villa. Le projet soulève l’opposition de voisins qui dénoncent au tribunal l’abattage de 56 arbres (« La Voix du Nord »).
En ville, le chocolatier Jean Trogneux (enseigne fondée à Amiens par les parents de Brigitte) possède une boutique depuis 2019 et, en décembre 2022, a ouvert, un peu plus loin, un glacier baptisé « Kokoa ». Tiphaine Auzière, la fille de la première dame, est installée depuis plusieurs années à Saint-Josse, un village situé à 10 km du Touquet. Un tout petit monde…
Source : https://www.lecanardenchaine.fr/societe/51772-les-macron-loges-gratos-au-touquet