12 ans après sa sortie, Le Loup de Wall Street reste une critique cinglante de la société américaine. Mais attention, pas de leçon de morale ici. Le système est pourri ? Oui, et Scorsese n’a pas l’intention de mettre un joli ruban dessus.
Franchement, je dois vous dire : les premiers films de Martin Scorsese, c'est que du kiffe. Taxi Driver (1976), Raging Bull (1980), que l'on pourrait pompeusement qualifié de chef-d'œuvre et que l'on pourrait noter cinq étoiles sans sourciller. Mais ses films plus récents, c’est une autre tambouille.
Prenez Gangs of New York (2002). Toujours aussi brouillon ou visionnaire en avance sur son temps ? Et Les Infiltrés (2006), c’est juste un Oscar facile ou un vrai rival des Affranchis (1990) ? Et que dire de The Irishman (2019) ? Chef-d’œuvre mélancolique ou sieste de trois heures ? Mais alors, Le Loup de Wall Street (2013), qu'est-ce que c'est ma brave dame ? Une satire brillante ou juste une excuse pour voir DiCaprio sniffer plus de coke que Pierre Palmade ?
Quand le film est sorti, certains critiques ont crié au scandale : « Scorsese glorifie les excès ! » Mais dans une Amérique post-Trump, on se rend compte qu’il avait tout compris. Jordan Belfort, courtier qui escroque tout le monde pour s’en mettre plein les poches, c’est pas juste un personnage d’époque. C’est une métaphore vivante de notre société actuelle. Et soyons honnêtes : qui n’a pas rêvé d’avoir son yacht et son jet privé, même si c'est un truc de gros trou du cul de riche ?
La fin du film est géniale. Jordan finit par se faire attraper, mais il négocie une peine réduite : 22 mois dans une prison où le plus gros problème, c’est de choisir entre tennis et ping-pong. Et après sa sortie ? Il donne des séminaires pour apprendre aux gens à vendre… et ils l’écoutent religieusement ! Sérieusement, cette scène où il dit « Vendez-moi ce stylo » à un public hypnotisé, c’est un miroir tendu à notre société. On admire les escrocs tant qu’ils ont réussi.
Et là, Scorsese nous met une claque : on est tous complices. Qui n’a jamais rêvé d’une vie facile en investissant dans des trucs qu’on ne comprend pas ? On veut tous gagner sans effort et on finit par se faire couillonner. C’est ça la vraie leçon du film : si tu joues avec les loups, ne sois pas surpris quand ils te bouffent.
Certains reprochent au film de ne pas montrer assez les victimes de Jordan. Mais Scorsese s’en fiche. Il montre que le style de vie de Jordan est attirant parce que le système est injuste. Regardez l’agent du FBI Patrick Denham : il fait tout bien, refuse les pots-de-vin, et rentre chez lui en métro, épuisé. Pendant ce temps-là, Jordan continue à vivre dans une putain d'opulence même après sa chute.
En fait, Le Loup de Wall Street, c’est comme une comédie noire qui devient un drame désespérant quand tu réalises que rien n’a changé depuis. Les « Jordan » sont toujours là, à signer des livres sur comment devenir riche pendant que toi, tu rêves d'être un salaud de riche tout en crachant sur les riches en prenant ton RER bondé.
Bref, 12 ans plus tard, ce film reste terriblement actuel. Scorsese ne propose pas de solution ; il te balance juste la réalité en pleine face. Et franchement ? Ça arrache autant qu'une gueule de bois à la tequila…